L’ordre des cimetières

Elle nettoie et brique,
Passe sa vie à ranger des télécommandes sur le côté du téléviseur
Elle ne marche plus elle patine sur la glace de son parquet vernis
Tique sur tout ce qui cloche et fait toc à sa porte close

Elle astique, tique et toc sur tout ce qui cloche,
Nettoie des verres où plus personne ne boit
Passe ces nuits blanches à traquer la noirceur
La poussière qui redevient poussière dans les cimetières

Des fleurs en plastique tombent sur le marbre
De son cœur fermé sur sa mémoire
Elle souffre et pleure sans laisser de trace sur ces mouchoirs

De l’autre côté de la rue,
Une autre pue dans un univers de broc
On la trouvera un jour morte entre deux chats moisis
Elle a du mal à fermer sa porte écaillée

Des poubelles pour aller danser
En boite de conserves éventrées
On ne se respire plus, et expire peu à peu
Elle s’étouffe et cherche encore un espace à combler
Son petit cœur se sait plus comment se protéger

Le matin dans la rue, Bric et broc se rencontrent et se saluent
Elles parlent de la pluie et du beau temps
Elles auraient pu être amies…

Cécile Iordanoff